Le Conseil québécois du théâtre (CQT) a publié aujourd'hui, le 26 août 2015, une lettre ouverte afin de dénoncer les coupures au budget du Conseil des arts et lettres du Québec. Lettre d'origine et signataires Mme Hélène David, ministre de la Culture et des Communications,Mme Marie Côté, présidente du conseil d’administration du CALQM. Stéphan La Roche, président-directeur général du CALQ,Membres du conseil d’administration du CALQ, Mesdames, Messieurs, Aujourd’hui, les artistes et les travailleurs culturels unissent leur voix pour dénoncer à nouveau vigoureusement la réduction sans précédent de 2,5 M$ du budget du CALQ. En dépit de ce que l’on tente de faire croire aux citoyennes et citoyens du Québec, nous savons pertinemment que cette coupe historique touchera de plein fouet le soutien à la création, à la production et à la diffusion pour l’ensemble des disciplines artistiques. En tant qu’artistes et travailleurs culturels, nous connaissons la fragilité de notre communauté. Elle sera inévitablement frappée par ces compressions. Entre les coupes à la coproduction internationale, au soutien au fonctionnement des compagnies, des organismes de services et des regroupements d’artistes ainsi qu’une dernière ponction mystère de 550 000 $, tous seront touchés de manière directe ou indirecte. Vous, qui connaissez si bien le milieu culturel, n’êtes pas sans savoir que ces coupes auront des répercussions tangibles au sein d’un milieu déjà épuisé par la stagnation budgétaire et contraint de toujours faire plus avec moins. Les discours de justification entendus dans les médias sont fallacieux et démontrent un manque de considération à l’égard des praticiens profondément engagés et dévoués dans la pratique et le développement de leur art. Les compressions effectuées au CALQ s’additionnent aux autres coupes survenues à la grandeur du territoire : les coupes budgétaires dans les Conseils régionaux de la culture, l’abolition de la Conférence régionale des élus, l’affaiblissement des Centres locaux de développement, tous des organismes qui soutiennent les arts et la culture à l’échelle du Québec. À cela s’ajoute la suppression de plusieurs postes de délégués culturels dans les missions du Québec à l’étranger. Tout ceci au sein d’un milieu qui vit dans un climat d’austérité qui perdure depuis le tournant du millénaire, alors que les budgets alloués aux programmes réguliers, qui représentent la raison d’être du CALQ, stagnent. L’allocation de 3,5 M$ à la politique numérique représente un ajout essentiel pour le milieu artistique, mais nul doute que la coupe simultanée de 2,5 M$ en annule les bienfaits. C’est pourquoi nous dénonçons également avec force la tentative de maquiller cette récente compression de 2,5 M$ par l’augmentation globale du budget qui résulte de transferts de responsabilités et de l’attribution des crédits de 3,5 M$ liés à la nouvelle politique culturelle numérique. Il s’agit là d’une mathématique trompeuse passant volontairement sous silence des impacts douloureux qui se produiront dans la communauté artistique. S’il est vrai que le budget du CALQ est passé de 95 M$ à 106 M$, il n’y a pas de crédits additionnels pour les programmes de base dont la plupart ont un financement stagnant depuis près de dix ans. En effet, les récents transferts de responsabilités liés entre autres aux diffuseurs pluridisciplinaires et pour lesquels cet argent est dédié, créent une illusion d’augmentation alors qu’il s’agit d’un mouvement latéral de budget du MCC vers le CALQ. La réplique de M. La Roche aux réactions du milieu artistique suite à ces coupes, publiée le 11 juillet dernier dans Le Devoir, témoigne plutôt d’une rhétorique biaisée. Nous nous étonnons de ne pas trouver ici l’allié naturel auquel les artistes s’attendent et nous aurions souhaité qu’il vienne à la défense des intérêts supérieurs des arts. Les arts et la culture sont pourtant créateurs de richesses économique et sociale. Vous le savez et il est dans votre mandat de le faire valoir. Si le gouvernement est véritablement déterminé à encourager la croissance économique, sabrer un secteur aussi dynamique est une décision incohérente et indigne d’un État qui se fait une fierté de la créativité de ses artistes ici comme à l’étranger. À la suite de ces coupes, celles imposées par le CALQ étant les plus récentes, nous sommes outrés des justifications trompeuses qui les ont accompagnées. Mme la ministre David, Mme Côté, M. La Roche, et membres du conseil d’administration du CALQ, sachez que la confiance du milieu artistique à l’égard du Conseil s’en trouve grandement affectée. Entendez ici nos inquiétudes les plus profondes. Pour signer la lettre 27 août 2015